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L'ÉGLISE PROTESTANTE UNIE DE BOISSY-SAINT-LEGER À BRIE COMTE ROBERT ET ENVIRONS
20 avril 2015

LE PASTEUR MATTHIEU VIREL, PRÊCHE À BRIE-COMTE-ROBERT APRÈS LE DÉPART DU MINISTRE CARACCIOLI

5-rue-des-Tanneries

Nous savons que le protestantisme commença très tôt à Brie-Comte-Robert, puisque des protestants persécutés originaires de la ville s'exilent à Genève dès les années 1540. Nous savons aussi que le premier pasteur installé à Brie-Comte-Robert dont nous avons le nom est Antoine Caraccioli, qui voulait devenir ministre protestant tout en restant évêque de Troyes, mais que Rome excommunia. Nous savons qu'un lieu de culte pour les prêches fut construit 5 rue des Tanneries à l'extérieur des remparts de la ville de Brie-Comte-Robert.

C'est à l'emplacement de cette maison et des garages pour véhicules derrière elle, que se dressait l'ancien temple protestant de Brie-Comte-Robert.

Nous savons aussi que l'excommunication d'Anthoine Caraccioli par Rome avait motivé la venue à Brie-Comte-Robert de troupes parisiennes hostiles qui voulaient se saisir de lui pour lui faire un mauvais sort. Nous savons qu'll s'échappa de la ville pour rejoindre un autre refuge près d'Orléans.

Nous connaissons aussi le nom du pasteur qui succéda à Caraccioli à Brie-Comte-Robert, Matthieu VIREL. D'où venait-il avant sa nomination à Brie-Comte-Robert ?

VIREL ou VIRELLE (en latin Virellus) né à Marchais dans le Beauvoisis (peut être parent de Jean Virel qui participa au colloque de Poissy en 1560). Il arriva à Brie ayant déjà été reconnu officiellement pasteur selon l'expression "ministre du Saint-Évangile de Dieu." C'était un pasteur expérimenté, capable de prendre la parole devant des foules et ayant été chargé de missions sensibles nécessitant de voyager et d'affronter les dangers avec confiance et prudence. Nous le suivrons à partir du début de l'année 1561.

François1-de-Guise-1563

NEMOURS :Le pasteur VIREL avait dressé l'Église protestante de Nemours (et pas Namur) le jeudi 11 janvier 1561 où s'étaient réunis entre 30 et 40 personnes chez Robert BARAT et dont les trois premiers "anciens" responsables de cette Église, furent élus le même jour. Le lundi 15 janvier à l'occasion du passage du pasteur Jean PAPILLON (au pseudonyme de Des Roches) venant de Châtillon-sur-Loire, il y eut ce jour là le premier baptême protestant à Nemours du jeune CHENEVAT. Mais des catholiques de Nemours ne tolérant pas ce baptême forcèrent la maison, pillèrentt le commerce de la famille, battirent la mère de l'enfant à coups d'épées et de halebardes et trainèrent son corps inerte dans une porcherie. Malgré les soins prodigués elle mourut et son enfant conduit à l'église fut rebaptisé selon le rite catholique. S'en suivirent beaucoup de persécutuions des protestants de Nemours à l'initiative des prêtres du lieu, conduites par le seigneur de Milly, soutenues et encouragées par le duc de Guise qui envoya des troupes.
François 1 de Guise

renee-de-france-ferrare

La duchesse de Ferrare, Renée de France, qui résidait à Montargis intervint pour en sauver quelques uns et faire libérer le pasteur Des Roches. Ce n'est qu'en mars 1563 que le pasteur Olivier MOLAN put résider à Nemours grâce au nouvel Édit d'Amboise du 19 mars promulgué par le roi. La mort du Duc de Guise était survenue le 23 février. Si l'Église de Nemours fut "dressée" en janvier 1561, en élisant trois anciens, c'est probablement que Matthieu Virel avait visité, "planté" et constitué au paravant cette communauté avec la protection de la Duchesse de Ferrare.
Renée de France
PARIS MOUFFETARD Le ministre Matthieu VIREL fut aussi l'un des pasteurs de Paris et pouvait être sollicité pour des missions spéciales à l'extérieur de la capitale. Les 1 et 2 novembre de la même année 1561 dans l'un des deux lieux de prêche les plus courrus des parisiens, celui de la Salle des Patriarches, rue Mouffetard à côté de l'Église Saint-Médard. 

portrait-charles-dumoulin-Vie

Les dates des 1 et 2 novembre étaient particulières en raison de la Toussaint et du jour des morts, l'un des thèmes de la controverse entre catholiques et protestants  directement lié au salut par la foi et à la justification par le Christ. Ces assemblées réunirent d'après les témoins 3000 personnes et le pasteur Virel prêchait alternativement avec le pasteur Malot, (ex-prêtre de la paroisse Saint-André-des-Arts devenu protestant). Ils se succédaient dans la chaire.
Un mois plus tard, Charles DU MOULIN le célèbre jurisconsulte, cousin de Jacques DU MOULIN seigneur de Servon, (à seulement une lieue de Brie-Comte-Robert)  le vendredi 20 décembre participa avec d'autres magistrats protestants en grande tenue et avec tous leurs insignes à une marche vers un autre lieu de prêche de Paris situé à la Salle Popincourt (faubourg Saint-Marcel) pour demander de garantir aux protestants la liberté de culte et de punir ceux qui les persécutaient en perturbant leurs assemblées ou en les molestant ainsi que leurs familles . Le prêche de Popincourt était desservi par deux autres pasteurs: Le Maçon et Lestang.

Patriarches-1460

 Le Maçon (pseudo Rivière) fit le premier baptème protestant à Paris.
Le jeudi 26 décembre le pasteur Malot prêchait aux Patriarches à 15 heures en présence de Théodore de BÈZE, proche du Réformateur Jean Calvin. (Le lieu appartenait à un protestant et Ange de CAULE, sympatisant de la nouvelle religion, l'avait louée pour les prêches. L'église Saint-Médard est au bas de la rue Mouffetard, la maison des Patriarches était située un peu plus au nord. Un parc automobile de ce nom occupe aujourd'hui l'espace (voir note 1). Matthieu VIREL y prêchait alternativement avec Malot. Mais les prêtres catholiques de Saint-Medard se mettaient à faire sonner les cloches de l'église à toute vollée pour couvrir la voix du pasteur pendant le prêche. Comme l'assemblée n'entendait plus le pasteur celui-ci fit chanter le Psaume 16, mais cela n'arrêta pas les cloches.

Psaume-16

Sois ô grand Dieu ma garde et mon appui, car en toi seul j'ai mis mon espérance. Et toi mon âme, à toute heure, dis-toi: Je me soumets, seigneur à ta puissance... Psaume XVI

Deux délégués protestants s'étant approchés pour demander une trève sonore se firent accueillir à coups de mousquets. L'un des deux parlementaires protestant nommé PACQUOT en tomba raide mort. Il s'en suivit une mêlée avec des dégâts et des victimes. Le chevalier du guet Gabaston alerté crut bon de mettre tous les protagonistes en prison. Il s'ensuivit la condamnation à mort du chevalier du guet et le brûlement des bancs des Patriarches sur l'ordre du duc de Montmorency, qui y gagna le sobriquet de "brûlebancs". Les protestants transférèrent leurs cultes en un autre lieu en location à côté d'une auberge à l'enseigne "Le Temple de Jérusalem".

Louis_1er-prince_de_Condé

LA MISSION À DIEPPE: L'Edit de tolérance de Saint-Germain préparé par Michel de l'Hospital et proclamé le 17 janvier 1562 permit aux protestants d'être reconnus, et pour éviter les affrontements, il fut décidé que leurs prêches ne pouvaient avoir lieu qu'en dehors des villes (dans les faubourgs) ou dans les fiefs et châteaux des seigneurs protestants. Mais le parti catholique uni aux intérêts politiques des Guise multiplia les provocations pour rendre l'Édit inapplicable. Ce fut le cas quelques semaines plus tard à Vassy (Champagne) en mars 1562 où les Guise conduisirent des hommes de guerre dans un massacre de protestants sans armes alors qu'ils écoutaient un prêche. Les protestants se sentirent partout en danger et spontanément s'organisèrent pour se protéger. Matthieu Virel ministre de Paris fut envoyé à Dieppe  par le Prince Louis de Condé (portrait ci-contre)  afin d'informer au plus vite les Églises de Normandie du massacre subit à Vassy et de la nécessité de prévoir des mesures de précaution pour permettre une meilleure sécurité des assemblées protestantes. Le Prince Louis de Condé, oncle du futur Henri IV, avait décidé d'armer les protestants, afin qu'ils puissent se défendre contre les Guise et leurs semblables.
BRIE-COMTE-ROBERT: On note à nouveau une plainte au Parlement contre les protestants qui célébraient Pâques en 1564 rue des Tanneries à Brie-Comte-Robert (plainte du 14 avril). Matthieu VIREL devint donc ministre de Brie Comte Robert. il était aussi connu en Beauce du côté d'Etampes où en 1562 le célèbre jurisconsulte Charles Du Moulin avait réussi à devenir prédicant dans une église de fief, proche de la seigneurie d'Allones qui venait de sa femme Louise de Beldon dont leur fils aîné avait hérité. Charles Du Moulin était tout sauf modeste et défendait des idées assez personnelles.  Il avait une vision très politico-juridique de ce que devait professer le protestantisme. Il enseignait la justification par la foi seule mais contestait tout ce qui pouvait questionner ou gêner la royauté française. Par exemple il ne fallait pas dire que tous les hommes étaient fils d'Adam parce que cela supposait que le moindre des manants était l'égal du roi de France face à Dieu. Pour concilier protestantisme et soutien à la monarchie gallicane il s'était intéressé à l'Église de la confession d'Augsbourg (lutherienne) et avait fait des séjours de plusieurs mois chez les princes protestants allemands. Il avait décidé de devenir le nouveau Réformateur que le Royaume de France attendait. Ses pamphlets féroces contre la Papauté font partie du même plan que ses attaques contre les ministres protestants de France trop dépendants à son gré de la "République de Genève"   et de ses penchants révolutionnaires. Il rejette Rome et Geneve car elles mettent en danger la Couronne de France. Charles du Moulin fit un procès aux ministres protestants. Cependant il retira sa plainte et l'affaire ne fut pas jugée, mais ses idées avaient laissé des traces, les rois de France se méfiaient non seulement du catholicisme ultramontain, mais aussi des protestants. Son cousin Jacques Du Moulin devenu veuf quitta Servon pour passer la fin de sa vie dans son fief de Briis près d'Étampes, Charles Du Moulin en profita pour s'installer quelques semaines à Servon.

Theodore-de-beze

La présence d'un pasteur de la carrure de Matthieu Virel à Brie-Comte-Robert est donc probablement dûe d'une part à la théologie peu affirmée d'Anthoine Caraccioli dont on sait qu'il avait été repris sur sa conception du baptême par Théodore de Bèze (portrait ci-contre) et d'autre part par les idées politico-religieuses de Charles Du Moulin plus royaliste que protestant. C'est probablement vers fin 1565 que Charles DU MOULIN s'installa chez son cousin à Servon en son absence pour créer sa nouvelle église protestante. Il était urgent de faire appel à un "ministre de l'Évangile de Dieu." tel Matthieu Virel pour éviter des dissensions à l'intérieur de la communauté protestante de Brie-Comte-Robert et surtout faire barrage à une piété qui mettait plus d'énergie à conserver la morale monarchique qu'à se laisser interroger par l'Évangile.
LE PRÊCHE DU DIMANCHE 3 FEVRIER 1566 À BRIE COMTE ROBERT:
Avec le pasteur Matthieu VIREL, la théologie de Charles Du Moulin est dénoncée; ses principales divergences exposées; la démonstration de ses erreurs détaillée. Ceux qui voudraient suivre Charles Du Moulin ne peuvent l'ignorer, ils se dirigent vers une impasse. Ils n'ont plus leur place dans la communauté de Brie-Comte-Robert s'ils continuent à prêcher les mêmes erreurs. À cette époque l'Église protestante de Brie-Comte-Robert couvrait aussi Vincennes, Charenton, Créteil, Saint-Maur , Champigny, Lésigny, Combs-le-Ville....(voir note 2)
Par la suite l'Église protestante de Brie-Comte-Robert se développa en assez bonne intelligence avec la communauté catholique. Le règne d'Henri IV avec l'Édit de Nantes permit aux protestants de vivre leur foi sans trop craindre pour leur sécurité. Ce n'est que sous Louis XIII et surtout avec La Fronde et le siège catastrophique et cruel qui anéantit la ville après la prise du château de Brie que la communauté protestante perdit beaucoup de ses membres. Par la suite les régnes de Louis XIII et de Louis XIV ne lui permirent pas de retrouver l'importance qu'elle avait eu (voir note 3).
Le pasteur Matthieu Virelle quant à lui, fut nommé en Suisse, il était pasteur à Bâle en 1577, certains pensent qu'il passa en Angleterre, il est décédé avant 1586.
Matthieu Virel a écrit des livres, citons en particulier:

livre_virel_matthieu

- Dialogue de la religion chrestienne, distingué en X chapitres, par Matthieu Virelle,  imprimé par Gabriel Cartier, 1582 (le lieu de l'édition n'est pas indiqué mais il s'agit de Genève)
- La religion chrestienne, déclarée par dialogue, et distinguée en trois livres, dont la substance et liaison se trouvera ès pages suivantes la préface. Ensemble un brief sommaire et conférences d'icelle advec toutes les autres religions. Composé par Matthieu Virelle Ministre du Sainct Évangile. Reveu et amplifié de plus de deux tiers par l'auteur mesme, avant sa mort. Eustache Vignon - 1586.
Note 1: La maison des Patriarches tirait son nom de Bertrand de Chanac, patriarche de Jérusalem, et de Simon de Cramault, patriarche d'Alexandrie, auxquels elle avait appartenu successivement. Contigüe au cimetière de Saint-Medard, elle avait une entrée sur la rue Mouffetard non loin du passage qui s'appelle aujourd'hui rue Jean Calvin.
Note 2: D'après les documents étudiés par l'historien de Brie, Maurice Lecomte, les prévôtés qui dépendaient de Brie-Comte-Robert étaient nombreuses: Prévôtés des Bordes, de Noiseau, de Chennevières, de Champigny-sur-Marne, de Nogent-sur-Marne, de la Baronnie de Lésigny, d'Hiverneau et Montéty, de Romaine, de Chevry, de Plessis-les-Nonains, d'Atilly, de Fourcille, de Pontault.
Prévôtés de la Grange lez Pontault, de Berchère, de Combaux, de Créteil, au fief de Pontault, de Villiers le Rigault, de Valenton, de Limeil, de Bonneuil, de Sucy au fief de Passy; du bois d'Auteuil, de Cerçay, d'Ornoy et Montenglos à Senteny, des Lions à Sentoux, de Marolles pour M. le Prieur; de Servon.
Prevôtés de Mandres, de Périgny, de Boussy-Saint-Antoine, de Varennes, de Jarcy, de Comlaville, de Nandy, de Moissy-Cramayel, de Grégy, de Cossigny, de Passy, de Montreuil sous le bois de Vincennes et de Charenton Saint Maurice. Avant l'érection du marquisat de Grosbois, on appelait aussi aux assises de Brie-Comte-Robert la prévôté de Boissy-Saint-Léger et celles de Grosbois, Villecresnes, Marolles et Santeny.
Note 3: Les protestants de Brie-Comte-Robert avec leur paseur Matthieu VIREL et la plupart des autres pasteurs du royaume prêchaient que tous les humains, nobles ou roturiers étaient également descendants d'Adam et Eve, qu'en matière d'héritage l'aîné n'avait pas plus de droits  que ses frères et soeurs. Leur lecture des Évangiles contenait les germes d'une future république à venir. Ils ne songeaient pas à renverser la royauté, qu'ils considéraient comme un don de Dieu, mais ils priaient pour que leur roi soit mieux conseillé et leur garantisse la liberté de conscience.
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