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L'ÉGLISE PROTESTANTE UNIE DE BOISSY-SAINT-LEGER À BRIE COMTE ROBERT ET ENVIRONS
15 janvier 2020

BRIE-COMTE-ROBERT, VILLE MARTYRE, EN FÉVRIER 1649

LE SIÉGE DE BRIE-COMTE-ROBERT ET L'ANÉANTISSEMENT DE LA VILLE (il y a 371 ans) 

chateau-ruines-brie-comte-robert-1897

Lors des révoltes de la Fronde contre la politique du Cardinal Mazarin, soutenue par plusieurs princes, les troupes au service du Cardinal et de la Reine, veuve de Louis XIII, principalement composée de mercenaires étrangers au service du Duc Charles de Lorraine entreprirent de faire le siège de la Ville de Brie-Comte-Robert en février 1649. La ville était défendue par des soldats parisiens, car tout Paris était du côté des frondeurs et contre Mazarin. À l'aide du canon une brêche fut faite dans les murs de la ville et pour éviter l'assaut et de sanglants affrontements, Louis de Bourgogne, le commandant militaire de la ville accepta d'ouvrir les portes aux troupes Mazarinistes après avoir conclu un accord pour permettre aux 800 soldats parisiens de sortir de la ville sans être inquiétés et d'éviter les pillages par les mercenaires lorrains. Ceux-ci étaient mal payés et avaient pris l'habitude de piller les briards pour se nourrir sur leurs réserves et leur extorquer leurs économies et objets de valeur. Louis de Bourgogne obtint cet accord du Comte de Grancey commandant les troupes Mazarinistes, évaluées à 3500 soldats. Mais celui-ci faillit à sa parole. Les soldats parisiens furent dépouillés et battus avant de pouvoir partir, les personnes et les biens de la ville de Brie furent livrés aux soldats lorrains, notamment les femmes et les jeunes filles qui en subirent les viols pendant plusieurs jours. La soldatesque laissa les maisons dévastées et vides de biens meubles et bijoux, d'animaux de ferme et de récoltes entreposées dans les caves et les greniers. 
Une lettre d'un religieux de l'ordre des Camaldules près de Grosbois nous décrit le désastre.
Arrivée des troupes et des canons le 25 fevrier, Depuis le faubourg de l'Épinette percement du mur au canon le 26, ouverture d'une brêche dans le rempart le 27.  La pénétration dans l'enceinte de 400 ennemis cause la reddition de la place.
Cette lettre permet de s'interroger: Est ce qu'il y avait plusieurs églises à Brie-Comte-Robert en 1649, une église catholique et une église protestante ? Quels étaient les pasteurs mentionnés dans la lettre ? 

Lettre du Père MICHEL, religieux hermite de l'ordre de Camaldoli, près Grosbois, à Monseigneur le duc d'Angoulesme, sur les cruautés des mazarinistes en BRIE. (extraits)

"..Tous mes confrères m'ont chargé de vous écrire, puisque votre absence de Grosbois nous empêche d'aller tous en corps pour implorer la charité de Votre Altesse envers un peuple qui ne reconnaît de puissance et de grandeur que le vostre après celle du Roy.
.. Les désordres de la guerre civile que vous avez vus en France, et où vous avez acquis tant de gloire, n'ont été en rien comparables aux malheurs que vous avons vus et que nous voyons tous les jours.
.. Si l'incommodité qu'amène avec soi une vieillesse chenue ne vous excusait des fatigues et des soins assidus de la guerre, je ne vous conseillerais pas seulement, mais je vous commanderais de la part de Dieu de prendre les armes et d'exposer votre vie pour un Royaume et pour une Couronne dont vous tirez votre auguste extraction... Il faut que vous alliez trouver la Reine et que vous paraissiez devant sa Majesté, avec celle qui décore naturellement votre caducité; il faut que vous lui parliez avec l'autorité qu'une inspiration divine donne à de sages vieillards. Représentez à cette princesse abusée qu'elle est obligée d'apporter un prompt remède aux sanglants d'une prompte fureur que l'on ne peut excuser...
.. Votre Altesse doit dire à Sa Majesté qu'elle rendra compte devant Dieu de tous les malheurs d'une guerre injuste qu'elle a commandée...
-..Je croyais que Dieu nous voulait délivrer des calamités qu'il répand ordinairement sur les sujets d'un Roi enfant, tout le monde était dans ce sentiment; mais le mal vient assurément de notre confiance. L'on n'y a point apporté les ordres nécessaires, et quand Sa Majesté reçut cette charge du ministère ce devait être avec des conditions de Justice qu'elle ne pouvait refuser. Il fallait punir les crimes de l'autre règne et purger la Cour et le Conseil de ces monstres d'ambition et d'avarice qui ne respiraient que le feu et le sang. 
... C'est le Comte de Grancey, c'est ce Vulcan de malheur, c'est ce misérable boiteux qui a l'âme encore moins droite que le corps. Il a volé Lésigny et Pamfou, il a coupé jusques à des tableaux dans leur enchâssure pour les emporter et n'a pas emporté les châteaux et les maisons que parce qu'ils étaient attachés à la terre, mais il les a désolés.
C'est un homme dont les crimes ont fait connaître son nom et qui n'a fait que des ennemis dans son propre pays, où la bassesse de son extraction le rend méprisable parmi les nobles, et où le peuple déteste sa violence et son humeur tyrannique.
.. Il est venu à cette guerre contre sa patrie, avec l'espérance d'une proie infaillible; il a ruiné tous les lieux où il a passé, il a assiégé Brie-Comte-Robert, qui a esté défendu par son gouverneur (Louis de Bourgogne) avec tous les témoignages d'une valeur et d'une générosité singulière; mais comme la place n'estait pas tenable sans un puissant et pressant secours, il fallut la rendre par composition. Il l'accorda pour éviter la perte des siens et promit de laisser sortir les soldats assiégés et de conserver les biens des bourgeois et l'honneur de leurs femmes et de leurs filles; mais il faussa cette fidélité que les Turcs même ne rompent que rarement et jamais sans prétexte; les soldats parisiens furent fouillés, puis battus, puis dépouillés, puis tués pour la plupart ou retenus captifs.
"Dirais-je le reste, et si je le dis où pourrais-je prendre des couleurs assez noires. Il en fut de même de tout ce qui fut promis pour les bourgeois, mais il en fut pis que dans une ville prise de force et emportée d'assaut, où le général, pour peu qu'il soit homme, pour peu qu'il soit humain... ne donne qu'une ou deux ou trois heures de temps au plus pour le pillage; ce pillage dure encore! Et j'appréhende de dire le reste... Les nobles qui n'avaient point de maisons fortes, les laboureurs, et enfin tout ce qu'il y avait de familles éparses dans la campagne s'estait retiré dans la pauvre ville de Brie. La ville rendue, les femmes et les filles et parmi elles plusieurs damoiselles, joignirent à la sureté de la capitulation et de la parole d'un gentilhomme, l'ASILE DES ÉGLISES(*). Cet asile fut violé, comme si ce n'eut pas été assez pour ces troupes enragées d'avoir violé l'article des biens qu'ils pillèrent. Ils forcèrent LES PASTEURS ET LES PRÊTRES(*) à leur ouvrir la porte de cette bergerie sacrée; ces pillards et ces paillards partagèrent les pauvres brebis confusément, sans épargner même les agneaux de lait qu'ils ont fait mourir et expirer sous des tourments que la nature défend aux bêtes féroces et qu'elles n'ont jamais pratiqué. Des damoiselles de condition sont échues par le sort aux plus infâmes, qui leur ont ôté les moyens de se défaire et d'aller porter au ciel, dans des mains sanglantes, cette sainte virginité que la loi de Dieu et de l'honneur les obligent de garder plus chèrement que leur vie..."
C'est un homme dont les crimes ont fait connaître son nom et qui n'a fait que des ennemis dans son propre pays, où la bassesse de son extraction le rend méprisable parmi les nobles, et où le peuple déteste sa violence et son humeur tyrannique."
(*) ces passages ne sont pas en capitales dans le texte de la lettre, c'est nous qui soulignons) 

Ancien_château_de_Brie-Comte-Robert

Lors de cette prise de la ville et du château de Brie-Comte-Robert toutes les archives sont brûlées ou détruites dans l'eau des douves du château. Ce qui ne nous permet pas d'avoir des traces de la présence de protestants et de pasteurs à Brie à cette époque.
Il est fort possible que le protestantisme ait été présent à Brie, car la persécution des protestants s'est relachée depuis 1643 avec la Régence assurée par Anne d'Autriche, la reine-mère qui confie les affaires du royaume au cardinal MAZARIN. Celui-ci poursuit la politique étrangère de Richelieu contre l’empereur Ferdinand III et contre l’Espagne. Il est aux côtés des princes protestants allemands et de l’Angleterre. La raison d’État implique de ne pas mécontenter les alliés : les protestants français ne sont plus inquiétés juridiquement.

Pendant la Fronde de 1648 à 1653, les protestants restent fidèles à la couronne. La déclaration royale de 1652, signée par Louis XIV lors de sa majorité, confirme solennellement l’édit de Nantes en louant les réformés « de leur affection et fidélité » pendant les troubles.

A l'exception du Père Michel, religieux des Camaldules, nous ne connaissons ni les noms des pasteurs, ni ceux des prêtres qui desservaient Brie-Comte-Robert à l'époque du siège et de la destruction sauvage de la ville. Ce n'est qu'en octobre 1652 que grâce à Turenne l'armée royale déjouera les plans des Frondeurs. Les troupes du duc de Lorraine commenceront à quitter la région en ne laissant que des ruines autour de Brie-Comte-Robert et jusqu'à Limeil.

 

 

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